En 1966, le canton de Neuchâtel a fait oeuvre de pionnier en se dotant d’une loi pour protéger son patrimoine naturel. Voici son histoire:
En 1963, l’armée suisse achète le grand domaine des Pradières, sur la crête neuchâteloise, pour en faire une place de tir, voire une place d’armes. Ce terrain couvre une dizaine de kilomètres entre Tête de Ran à l’est, et le domaine des Pradières à l’ouest. Il s’ouvre au sud sur la chaîne des Alpes, le Plateau suisse et les lacs de Neuchâtel et Morat, et au nord sur les vallées de la Sagne, du Locle et de La Chaux-de-Fonds, ainsi que sur les deuxième et troisième chaînes du Jura suisses et françaises. On y trouve plusieurs des plus beaux points de vue du canton. De plus, cette montagne est emblématique pour de nombreux citoyens, qu’ils soient du bas ou du haut du canton : on vient y fêter le 1er août, y faire de nombreuses torrées en automne et y admirer une flore exceptionnelle. Par ailleurs, elle est parcourue en été comme en hiver par des centaines de marcheurs de toutes provenances, puisqu’elle accueille plusieurs kilomètres du chemin des crêtes qui relie Bâle à Genève.
On comprend que l’émotion soit vive dans le canton après ce rachat par l’armée et que des forces se mobilisent. Un comité d’initiative se crée en 1964, dans le but d’obtenir du canton une protection des crêtes neuchâteloises. Il y a afflux de signatures et le Conseil d’Etat décide d’aller plus loin que l’initiative déposée. Dans son contre-projet accepté par le Grand Conseil, il y ajoute la protection des rives du lac.
C’est ce texte qui passe en votation le 20 mars 1966. Il est accepté par le 89% des votants et aboutit à un décret pour la protection du paysage et de la nature neuchâteloise qui fait date : c’est la première fois qu’un canton suisse se dote d’une loi semblable.