L’IMPARTIAL – 10.06.2017

 10.06.2017, 00:01  
 

«Havre de paix», le Mont-Racine est bien gardé par ses Amis

PAR VINCENT COSTET

PAS TOUCHE! – L’armée et les éoliennes n’ont pas dénaturé ce lieu emblématique.

Mont-Racine, 1439 mètres. Point géodésique à l’origine, l’emblématique signal en triangle sert aujourd’hui plus sûrement de repère personnel au randonneur qui prend le temps d’y admirer le paysage.

Sans se bercer d’illusions, les Amis du Mont-Racine (AMR) y voient même un lieu propice, pour le canton de Neuchâtel, à reprendre un peu de hauteur…

Ce site «est un havre de paix», image Claude Roulet, président de l’association qui fête ses 50 ans demain sur place en toute simplicité, à la loge des Pradières-Dessus. L’occasion de rappeler la lutte menée pour l’intégrité du paysage, ainsi que la vocation sociale et écologique qui porte toujours les 750 membres du «club».

Pas comme le Creux-du-Van

Ils étaient 2000, à l’origine. Chauds-bouillants, «grâce» à l’armée, qui, en 1963, avait acquis une parcelle d’une dizaine de kilomètres de long entre Tête-de-Ran et le Mont-Racine.

L’initiative pour la protection des crêtes avait recueilli 24 000 signatures, et le contre-projet du Conseil d’Etat, englobant les rives du lac, avait été plébiscité par 89% des votants. Dans la foulée, 3000 manifestants étaient montés là-haut pour s’opposer notamment aux tirs militaires durant les vacances. Le temps a passé, et Claude Roulet compte aujourd’hui sur… la propriété de l’armée comme «zone-tampon» entre intérêts souvent contradictoires, qu’ils soient touristiques, agricoles, écologiques ou économiques. «Il ne faut pas que le Mont-Racine devienne comme le Creux-du-Van, où on a goudronné des voies d’accès et où l’on voit toutes sortes de choses. Nous sommes là pour rappeler que dans ces zones protégées, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi», avertit le président de l’AMR.

L’association était d’ailleurs sortie du bois en 2010, au moment de l’élaboration des projets éoliens. On parlait d’un parc dans la région du Mont-Racine et des Pradières. L’initiative pour la protection des crêtes n’a pas passé, mais l’intégrité du site a été préservée.

Construction d’un mur en pierres sèches

Aujourd’hui, l’AMR «s’engage aussi pour la protection de la faune et de la flore face aux menaces que peuvent lui causer des méthodes de culture ne respectant pas la législation en la matière», peut-on lire dans un communiqué.

En 2008, les Amis du Mont-Racine ont repris au Club alpin suisse la gestion de la loge des Pradières, ouverte durant les week-ends de janvier et février, ainsi que de mai à octobre. C’est tout ce qu’il reste de rafraîchissant entre La Vue-des-Alpes et La Grande Sagneule.

Il y a cinq ans, l’AMR a entrepris la construction d’un mur en pierres sèches à proximité de la loge. Des requérants d’asile alors installés aux Grandes-Pradières y avaient contribué, de même que des bénévoles de la Joliette. Le chantier se poursuit chaque année, en juillet-août. Et le 1er août prochain, pour la troisième année consécutive, un cortège montera de la loge jusqu’au signal pour allumer un feu en signe de «fraternité».